Israël sous les roquettes, la diaspora juive en alerte

Chaque année, les Juifs du monde entier sont nombreux à venir visiter les villes israéliennes bombardées à partir des territoires palestiniens. Retour sur une journée à Sdérot, où un groupe de Juifs français s’est retrouvé au cœur des affrontements.

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Le silence règne sur la ville de Sdérot. En ce matin de janvier, le froid se fait presque sentir dans le sud d’Israël. Un ciel dégagé laisse cependant deviner quelques rayons de soleil, éclairant largement cette petite localité de 25000 habitants, située à 800 mètres de la bande de Gaza. Dans cette ville israélienne typique, dite de « développement », cohabitent pêle-mêle des Juifs du Yémen, d’Ethiopie ou d’Afrique du Nord, résidant pour la plupart, dans de petites maisons blanches, simples et étrangement identiques les unes aux autres. Identiques tant par leurs aspects particulièrement délabrés, que par leurs attirails très sophistiqués, tels que les toits blindés ou les fenêtres en fer. « A Sdérot, même les terrains de sports sont recouverts de murs de protection » explique Ilanit Zribi la directrice de l’unique école de la ville, en s’adressant à un groupe de Juifs français âgé d’une vingtaine d’années, réunis dans la cour de l’établissement. Venus en Israël dans le cadre d’un programme appelé « Découverte » (« Taglit » en hébreu), ces jeunes brésiliens sont à Sdérot pour une journée « d’action humanitaire » afin de rencontrer les enfants de cette localité. « Nous faisons partie du même peuple » explique-cette directrice née en Israël « et il est très important pour nous que la Diaspora nous soutienne dans ces moments si difficiles ».

« Nous vivons dans la peur »

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Après avoir déambulé dans les rues pour admirer les dégâts laissés par les roquettes palestiniennes « Qassam », ces jeunes se retrouvent dans l’enceinte de l’école pour y peindre avec les enfants, des fresques sur les murs et pour leur offrir, par la suite, des petits cadeaux. « Hier encore trois roquettes ont été tirées » explique Hannah Aknin, une femme de ménage travaillant dans l’école, qui s’adresse à un groupe de brésiliennes. Avant d’ajouter « vous pouvez même voir dans toute la ville, sur la chaussée ou sur les murs, des trous laissés par l’impact des Qassam palestiniennes ». Des Qassam qui en touchant le sol, projettent des billes de plomb et des éclats de shrapnell sur quelques dizaines de mètres.

Depuis 2001, début de la deuxième Intifada, Sdérot est devenue la cible privilégiée du Hamas et du Djihad Islamique, de par sa proximité géographique avec Beit Hanoun, une ville de la bande de Gaza d’où sont lancés ces engins artisanaux. Hannah, qui a quitté Casablanca dans les années soixante pour faire son « aliyah » (montée vers Israël) habite depuis une trentaine d’années à Sdérot. « Depuis six ans, nous vivons dans une peur constante, hier encore trois roquettes ont été tirées » soupire-t-elle. « Et le gouvernement ne fait absolument rien pour nous aider » renchérit la vieille dame « car nombreux sont ceux qui ont acheté une maison à Sdérot, le prix à l’achat étant plus économique, à long terme, que le prix à la location, et qui maintenant sont condamnés à rester dans cette ville car ils ne peuvent plus revendre ».

« Des difficultés économiques croissantes »

Xavier Chemla, le guide du groupe, qui bredouille quelques mots d’anglais, dresse lui aussi un tableau particulièrement noir de la situation : « en plus des tirs de roquettes quotidiens, les habitants de Sdérot doivent aussi faire face à des difficultés économiques croissantes ».

« Le problème de Sdérot est qu’il s’agit d’une ville particulièrement pauvre où les enfants sont souvent livrés à eux-mêmes » ajoute-il, en pointant du doigt deux enfants d’origine yéménite, qui essaient d’arracher à un jeune français le cadeau qu’il est en train de leur offrir. « Matana, Matana » répètent-ils en hébreu pour désigner le cadeau dont ils veulent s’emparer. Deux enfants, qui comme beaucoup d’autres dans leur école, ont appris à vivre au rythme des sirènes qui retentissent à n’importe quelle heure du jour et de la nuit, dès qu’une roquette tombe sur la ville.

Depuis 2001, dix-sept habitants ont perdu la vie à Sdérot dont trois enfants. Le nombre exact de blessés reste difficile à évaluer. Le lendemain de la visite des brésiliens, deux autres personnes perdront la vie dans cette petite localité du sud d’Israël. En représailles, à Beit Hanoun, dans cette ville jumelle, mais ennemie, l’armée israélienne entamera donc une nouvelle fois une « opération » de très grande envergure.

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